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L'innovation préserve de l'oubli les métiers du patrimoine


Les métiers du patrimoine (MP) sont un élément clé de l’histoire culturelle, car ils intègrent une histoire commune d’objets, d’outils, de matériaux et de savoir-faire artisanaux. L’UNESCO les désigne comme une forme de patrimoine immatériel, incorporant les connaissances, la dextérité, la tradition et l’identité des communautés présentes et passées. Malgré leur importance culturelle intrinsèque, certains sont menacés d’extinction. De nombreuses techniques ne sont plus pratiquées ou se trouvent géographiquement isolées, et les connaissances s’étiolent au fil des générations.

Le projet Mingei, financé par l’UE via le programme Horizon 2020, a eu pour objectif de préserver les métiers du patrimoine et leur histoire culturelle par le biais de la numérisation de l’artisanat et de ses processus de création. Pour ce faire, les chercheurs du projet Mingei ont créé diverses ressources numériques, en incorporant des aspects historiques à chaque artefact.

Le nom du projet trouve sa source dans le mouvement Mingei, mouvement artistique japonais, principalement de poterie et de céramique.

Le projet porté par un consortium de 9 partenaires, dont le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), est piloté par la Fondation grecque pour la Recherche et la Technologie (IDRYMA TECHNOLOGIAS KAI EREVNAS)

«Nous avons contribué à deux éléments: un protocole d’enregistrement de la création artisanale et de sa sémantique, et la capacité de représenter les aspects sociaux, historiques et économiques de l’artisanat à travers des récits», explique Xenophon Zabulis, directeur de recherche à l’Institut des sciences informatiques de la Fondation en Grèce, et coordinateur du projet Mingei.

Comment préserver le patrimoine artisanal?

L’équipe a réalisé des enregistrements en 3D de la création d’objets artisanaux, puis a procédé à la numérisation en 3D des outils eux-mêmes. Le projet entendait créer une base de connaissances permettant de stocker toutes les informations pratiques et culturelles relatives à chaque artisanat et de les combiner avec des informations anthropologiques.

Un exemple: pour le tissage de la soie, un artisanat dont le patrimoine est très étendu en Europe, Mingei a créé une sélection de récits historiques provenant de la ville de Krefeld, en Allemagne. Ces récits ont été associés à une chronologie interactive des procédés de fabrication de la soie dans la région, à des représentations numériques de textiles, à des reconstitutions en 3D et à des leçons sur le tissage.

De même, le métier de souffleur de verre a été documenté par une série de reconstructions en 3D, de récits historiques et même de vidéos de tutoriels sur le soufflage du verre à l’aide de réalités mixtes.

«Nous pensons que le meilleur moyen de préserver un artisanat est d’en perpétuer la pratique», ajoute Xenophon Zabulis. Pour soutenir cette idée, le projet Mingei s’est également concentré sur l’organisation d’événements visant à familiariser le public avec les différentes technologies.

Créer une plateforme en ligne pour la conservation numérique

«Afin d’assurer la conservation numérique, nous avons créé une plateforme en ligne, où tout le contenu est disponible. Pas uniquement les numérisations, mais aussi les représentations sémantiques», explique Xenophon Zabulis.

La plateforme est librement accessible au public et peut être utilisée dans le cadre de projets de recherche ultérieurs. Elle intègre des pages web consacrées à l’artisanat, ainsi que des présentations audio et visuelles. Certaines d’entre elles ont été traduites en langue des signes pour les personnes malentendantes.

Dans le cadre d’un autre projet financé par l’UE Craeft, la plateforme Mingei permettra d’explorer certains aspects cognitifs de la créativité, la manière dont un projet est conçu et le plan mis en œuvre par les créateurs. «Nous voulons saisir ces aspects qui font essentiellement appel à l’esprit d’une personne», explique Xenophon Zabulis.

Tourisme culturel

Les chercheurs projettent d’introduire un retour haptique dans les représentations: il s’agit essentiellement d’inclure la sensation du toucher dans la méthodologie d’enseignement.

«Vous pourrez ainsi bénéficier d’un tutorat à distance», explique Xenophon Zabulis, ce qui pourrait contribuer à la diffusion de métiers spécifiques pour lesquels seuls quelques experts subsistent, disséminés sur l’ensemble du continent. La poursuite du travail effectué dans le cadre du projet Mingei contribuera également à stimuler le tourisme culturel en Europe.

Les nouveaux ateliers intègreront des présentations basées sur l’expérience, où les touristes pourront s’essayer à l’artisanat. Cette initiative pourrait également contribuer à l’augmentation du nombre de nouveaux apprentis artisans, assurant ainsi la pérennité des pratiques artisanales.

Plus d'information sur le site internet du projet Mingei.

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